Rencontre bilatérale: énième occasion qui démontre le cynisme des élites haïtiennes



  



Ces dernières années ont été parmi les plus difficiles qu'on eût à traverser. On a connu des périodes dramatiques à travers notre histoire nationale, et elles sont nombreuses, mais on a toujours eu l'impression que pour nous guider, on pouvait compter sur une sorte de légende historique qui réussissait toujours à s'assurer de nous éviter le pire de manière miraculeuse.


Car si la division au sein de la population haïtienne est à la fois ancienne, ( historique ) et profonde, le nombre de guerres civiles qu'a connu le pays n'est pas si élevé que ça.


Et la dernière guerre civile qu'a connue le récit national remonte au temps où s'affrontaient les troupes du général Denis Légitime de l'ouest contre ceux du général Florvil Hypolites du nord pour la quête du pouvoir en 1888.


À l'heure actuelle, les maux sont de toutes formes, et viennent de partout. 

Haïti est devenue l'exemple parfait d'un pays délaissé par ses élites, et dont la destinée est versée dans le chaos le plus abject.


La crise haïtienne est multiforme, et multidisciplinaire, elle affecte le pays dans toute sa dimension d'État et ne laisse aucune couche de la population dans l'indifférence, elle se veut une crise collective par devant laquelle nulle ne peut échapper, car de part et d'autre elle nous affecte tous, au delà de nos différences singulières.




La situation sécuritaire chaotique caractérisée par des massacres un peu partout sur le territoire national, par le contrôle d'une bonne partie du territoire par des civils armés, et plein d'autres drame de cette même catégorie, ont servi de manière systématique de sujet de honte, et d'angoisse majeure pour le peuple haïtien.

Le bilan d'Haïti sur ce plan est similaire à celui de l'Ukraine en nombre de victimes civiles quotidiennes d'après des rapports onusiens.



Crises alimentaires


La faim est aiguë en Haïti, plus de 5 millions d'haïtiens pataugent dangereusement dans la faim au quotidien. Dans un pays normal rien que ça aurait dû susciter la mobilisation nationale, et des efforts au sein de toutes les couches de la population nationale, dirigeants étatiques et société civile.



L'insouciance de nos acteurs politiques empire le cas du pays.


L'espoir de toute société est dans le niveau d'intelligencia que fait montre son élite. L'élite haïtienne donne l'aspect d'une entité dont l'âme a été zombifiée au point d'oublier complètement son devoir, ses obligations pour lesquelles préalablement se structure la justification de son existence.


On ne devient pas élite pour soi, l'élite est l'élite quand elle se confronte aux difficultés de la collectivité et s'en sort victorieuse pour le bien-être commun.


Dans ce pays, on a l'impression que le premier ennemi des élites demeure le peuple dont qu'elle est chargée de protéger et de guider.


Que se soit sur le plan économique, culturel et intellectuel, le constat est clair, l'élite haïtienne est "bourreaux" dans sa propre cause, et le peuple haïtien demeure une éternelle victime tant il ne reçoit rien de concrètement évolutif de la part de ceux qui auraient dû le guider à bon port.


Dans ce cas à qui la faute? est-ce seulement à l'élite inutile, ou c'est aussi celle du peuple haïtien.

En considérant le fait que l'élite c'est l'élu du peuple, le peuple en lui-même est constructeur de son élite.

 Si l'élite haïtienne n'est pas constituée de ceux qui ont de l'intérêt pour ce pays, ne revient-il pas à ce peuple de ce constitué en correcteur historique, en créateur, en restituteur afin de se doter des bonnes grâces d'une nouvelle élite, de se créer une élite forte et soucieuse de ses intérêts immédiats.


À rappeler qu'à travers l'histoire, le peuple a toujours symbolisé l'auteur des plus dignes créations qui le touchent. Il revient au peuple haïtien de s'offrir le dernier mot sur la question.



L'échec de la communauté internationale dans le cas d'Haïti



L'échec de ce que l'on appelle le forum organisé par la Caricom à la Jamaïque, n'est pas la seule qu'a connue ce qu'on nomme par ici la communauté internationale. Elle se plante toujours quand il s'agit d'Haïti. C'est comme si le cas d'Haïti ne relève pas de ses ressorts; le cas de ce petit pays caribéen dépasse tout le monde.


Considérant le fait qu'Haïti a déjà connu un nombre considérable de missions onusiennes, 13 pour être plus précis, dont le plus durable et importante est la Minustha, cette dernière qui avait fini par laisser de grave séquelles dans la mémoire du peuple Haïtien.( Viol de mineur, enfants horphelins de père éparpillés un peu partout sur tout le territoire national, et surtout l'apparition du choléra qui a causé de nombreux dégâts au sein des couches les plus vulnérables de la population haïtienne ( 820000 victimes dont plus de 10000 mort).



Ces drames dénombrés ci-haut, toutefois n'empêchent pas à l'actuel premier ministre de facto de faire appel à la communauté internationale pour venir lui porter secours, premièrement pour garder son pouvoir, et secondo pour venir affronter l'atmosphère chaotique dessinée par les bandes armées un peu partout sur le territoire national.


Jamais on n'a eu à dénombrer un pareil échec face à un appel au secours au sein de l'organisation mondiale qu'est l'ONU, ce cuisant échec reçu par son appel est de l'ordre des choses inédites.


 Le problème haïtien en quelque mois est passé du conseil de sécurité onusien, à l'organisation des états américains, pour finir par tomber dans les mains de la Caricom, le tout malgré la grande volonté démontrée publiquement par les autorités américaines pour une intervention militaire en Haïti.


Pour finir,  au point où nous en sommes, qu'avons nous à espérer encore, en dehors de ce que peut produire l'union de nos forces?


Si l'aide attendue par le gouvernement ne vient pas, comment allons-nous faire pour écrire ce nouveau chapitre au sein du grand récit national, qui tôt au tard est appelé à nous représenter dans le temps à travers l'histoire?


Que retiendront de nous les générations futures, de ce que nous avons fait pour sortir le pays de ce carrefour difficile ?



Auteur: Moïse François 

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