Les Caraïbes savaient ! Cette vidéo dans laquelle une dame injuriait et frappait un enfant pour qu'il mémorise ses leçons est devenue virale sur les réseaux sociaux. La scène m'a choqué au plus haut point. Mais ce qui m'a le plus choqué c'est que les organisations des droits de l'homme sont restées muettes sur le sujet et que paradoxalement des médias tentent de stariser la dame en lui accordant des entretiens.
Dans cet article je viens à la rescousse de cet enfant maltraité par un membre de sa famille car je suis certain que ce n'est pas qu'un cas isolé. Nombreux sont les enfants victimes de ces maltraitances que la société normalise.
La convention internationale des droits de l'enfant (CIDE) que Haïti a ratifié stipule en son article 2 que : chaque enfant, sans distinction, a des droits. Ces droits sont les suivants :
Le droit d'avoir un nom, une nationalité, une identité.
Le droit d'être soigné, protégé des maladies, d'avoir une alimentation suffisante et équilibrée.
Le droit d'aller à l'école.
Le droit d'être protégé de la violence, de la maltraitance et toute forme d'abus et d'exploitation.
Le droit d'être protégé contre toutes les formes de discrimination.
Le droit de ne pas faire la guerre ni la subir.
Le droit d'avoir un refuge, d'être secouru, et d'avoir des conditions de vie décentes.
Le droit de jouer et d'avoir des loisirs
Le droit à la liberté d'information, d'expression et de participation.
Le droit d'avoir une famille, d'être entouré et aimé.
L'enfant dans la vidéo a tous ces droits. Ce n'est pas nécessaire de savoir son nom, ni d'où il vient, ni s'il est paresseux ou intelligent, ni quelle école il fréquente. Tout ce qu'on doit savoir c'est qu'il est entre la tranche d'âge de 0 à 18 ans. Ce qui fait de lui un enfant.
Ainsi, il est une victime. J'ai l'impression que beaucoup d'entre nous inverse les rôles dans cette situation. Il est victime de maltraitance. Si vraisemblablement il jouit du droit d'aller à l'école, garanti par l'article 28 de la CIDE et par l'article 32 de la Constitution, il est également évident que son droit d'être protégé de la violence et de la maltraitance garanti par l'article 19 du CIDE a été violé.
En effet, sur la vidéo, on est témoin des propos injurieux et des coups lancés par la dame sur l'enfant. Est-ce que le simple fait d'être la génitrice de l'enfant légitime la maltraitance ? Est-ce que le droit d'aller à l'école qui engendre un devoir d'étudier et de faire ses devoirs pour l'enfant doit créer une violation d'un autre droit parce que l'enfant manque à son devoir ? Pour être plus simple est-ce que la dame a raison de frapper l'enfant parce qu'elle est sa mère et qu'elle l'envoie à l'école ?
Non. Absolument non. La violence physique et verbale dont a été victime le jeune enfant n'est aucunement excusable parce que c'est sa mère. La loi condamne tout type de maltraitance sur l'enfant peu importe l'autorité que puisse jouir cette personne sur l'enfant. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle les droits de l'enfant sont institués. Parce que ce sont des êtres faibles, fragiles, vulnérables en raison de leur âge.
Toutefois, si nous laissions le droit (les lois) de côté, on peut facilement comprendre le comportement de la mère. D'abord sur le plan sociologique, notre passé colonial explique ce comportement violent. Selon lequel, la bastonnade donne du résultat. Sous le temps de la colonie on battait les esclaves pour les inciter à travailler. Et ce travail de bourreau était le plus souvent confié à un esclave qui, du coup avait autorité sur les autres. Malheureusement, ce sont ces séquelles qui encombrent encore nos gênes deux cents ans plus tard.
Ensuite sur le plan culturel. Dans notre culture, nous sommes très peu sensibilisés sur les droits humains. Cette culture juridique et civique que nous n'avons pas reçu nous fait du tort. Car, croyez-moi, cette dame ne sait absolument rien du droit des enfants. Selon elle, elle agit en faveur de l'enfant et pour son plus grand bien.
Et enfin sur le plan pédagogique, durant longtemps l'usage du fouet dans les écoles a été normalisé voire même nécessaire pour obtenir de bon résultats.
Mais, le monde évolue. L'esclavage tel que l'humanité l'avait connu est aboli. On reconnaît à l'homme certaines prérogatives qui sont universelles et naturelles. Les temps changent. Les sociétés évoluent. Les lois humaines s'améliorent. Alors, il est temps pour nous en Haïti d'emboîter le pas. L'efficacité d'une loi ne réside pas dans sa promulgation ou dans sa ratification mais dans son application.
La maltraitance parentale est un fléau qui touche la société haïtienne dans ses racines même car ce sont les enfants qui en sont les principales victimes. Si le peuple n'est pas sensibilisé aux droits de l'homme y compris les droits des femmes et les droits des enfants, la société de demain ne sera pas meilleure que celle d'aujourd'hui. Car les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Auteur: Frantz Gelo Bellande
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