Née le 18 octobre 1997 à Gonaïves, Rachelle Smydie Diana JEAN-PIERR est la fille aînée d'une famille de 6 enfants.
Elle a grandi au sein d'une famille chrétienne dans une atmosphère qu'elle décrit comme à la fois calme et perturbante. Pour elle, sa famille a toujours été une source d'apaisement contrairement au reste de sa vie natale dominée par le monde de la politique.
Rachelle Smydie Diana JEAN-PIERR est une jeune femme à tout faire, elle ne se contente pas vraiment du peu. Elle se décrit comme étant une âme constamment en mouvement, toujours à la recherche d'une meilleure position pour asseoir ses rêves. Designer styliste à Rachelle's Collection and Creation, une maison de mode et agence de mannequinat qu'elle a fondée en 2015, et qui a gratifié la ville des Gonaïves avec son premier défilé de mode en 2016. Elle n'a jamais su se séparer depuis lors de la réalité de la mode qui s'incarne partout en elle. La mode est devenue pour elle une raison de respirer, et de faire respirer sa communauté, selon ce qu'elle nous a dit. C'est pourquoi, avec son agence de mannequinat, elle se démène chaque année pour réaliser ne serait-ce qu'un casting pour les jeunes intéressés à la mode de sa ville natale.
Les chapeaux ne manquent pas à Rachelle Grand Pierre en dehors de la mode non plus. Gestionnaire, diplômée de l'université Notre Dame d'Haïti, photographe, cheffe de cuisine, décoratrice à Excellence Décor et Accessoires de mariage, cheffe d'entreprise. Elle se revendique comme appartenant à toutes les belles choses de la vie. Même dans les champs, que la société dominée par le patriarcat réserve exclusivement aux hommes, elle se démène pour se faire une place, ne se laissant pas arrêter par la contrainte.
"Dieu et la mode", c'est l'union parfaite à ses yeux, car pour elle, la mode est d'abord une création divine. La mode aussi chez elle est une plateforme où combattre, surtout pour les jeunes femmes noires de partout à travers le monde, elles qui se voient d'habitude victimes d'un stéréotype, qui ne cessent d'hyper-sexualiser leurs corps.
La mode est un moyen de se dire vivante face au reste du monde, en étant soi-même, en restant fière de sa couleur de peau, de sa forme. C'est une manière d'habiter la planète, c'est un mode de vie, l'extase de la beauté et de la créativité, selon elle.
Cette vision militante de la mode est sûrement due à la cause derrière sa toute première rencontre consciente avec le monde de la mode. Elle n'avait que 14 ans quand elle a assisté à Miss Universe 2011 et a vu une femme noire élue Miss Universe, c'est-à-dire la plus belle femme du monde. Ça l'a grandement inspirée et l'a invitée à franchir le pas vers son désir d'évoluer dans ce monde de rêve. Et ce désir a fini par la conduire à devenir Miss Liberté en 2017 et Miss Gonaïves, International Junior Haïti 2021.
Sur la question de l'avenir de la mode en Haïti, elle ne cache pas son avis pessimiste sur la question, car pour elle, malgré plusieurs initiatives depuis des décennies, Haïti peine à valoriser sa propre culture.
Et aussi, parler de l'avenir de la mode en Haïti dépend de la volonté de tout un chacun, car chacun en est responsable. Elle profite pour lancer un cri d'alarme au public haïtien, qui selon elle devrait consommer plus de produits haïtiens et locaux dans ce secteur. Et elle dénonce par-dessus tout l'irresponsabilité des autorités étatiques qui ne font rien pour réguler le marché et accompagner les professionnels du secteur face aux ravages qu'opère le phénomène du "Pèpè" sur leurs chiffres d'affaires. Même note est attribuée aux médias, qui selon elle ne propulsent pas assez le domaine, décourageant parfois les acteurs de ce secteur de par leur mépris.
Pour y remédier, elle suggère un travail d'éducation qui pousserait à la majorité de la population à mieux comprendre les enjeux qui se cachent autour du monde de la mode et les bienfaits que le secteur pourrait apporter à leur quotidien, car il est démontré scientifiquement que quand on s'habille bien, son cerveau s'épanouit mieux. Ça renforce notre estime de soi. Sans compter le fait que la mode dans sa globalité peut devenir un facteur d'évolution et de développement culturel.
À partir de l'éducation sur la question, nous aurons une population qui comprendra et valorisera la mode en Haïti. Mais pour l'instant, nous autres créateurs, mannequins, Miss, tailleurs… souffrent énormément de leurs attitudes discordantes à notre égard. Et c'est bien triste de le constater.
Auteur: Moïse François
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