Le mercredi 6 novembre, l’Institut français d’Haïti a accueilli une représentation théâtrale marquante intitulée «Corps entre violence et quête de justice», mise en scène par Ronald Vital et produite par Les Ateliers Encriture . Ce spectacle, qui plonge le public dans une réalité difficile, dénonce les différentes formes de violence auxquelles la population haïtienne fait face, tout en appelant à un système judiciaire plus juste, capable de punir les criminels et de rendre justice aux innocents et aux oubliés.
À travers des chants traditionnels, des danses corporelles et des costumes évoquant l'esthétique, les comédiens et comédiennes rendent hommage aux divinités vaudou telles que Met Agwe, Ogoun Feraille, Baron Lakwa, Zaka Lakwa, Damballah, et Erzilie Dantor, en les invoquant pour accompagner le peuple haïtien dans sa quête de justice. Le spectacle s’imprègne ainsi de la spiritualité haïtienne, tout en offrant une réflexion sur l'état de la société actuelle, marquée par l’insécurité et l'injustice qui rongent le pays.
Crédit : Carlin Trezil |
Ronald Vital, le metteur en scène, a expliqué que le théâtre est pour lui un moyen puissant de dénoncer les injustices et de sensibiliser la population aux problématiques de violence, qu’elles soient physiques, sociales ou politiques. «Le pays a plus que jamais besoin de créations artistiques qui sont à la fois esthétiques et engagées pour éclairer notre environnement,» a-t-il souligné.
Le spectacle va au-delà de la simple représentation théâtrale. Il offre une immersion dans l'anthropologie haïtienne, permettant de renouer avec les racines et les traditions culturelles du peuple noir. Pour Yves Marie Gustave, directeur artistique de Les Ateliers Encriture, ce spectacle marque une étape importante dans le travail de la compagnie. «C’est la première fois que nous avons réalisé une production d'une telle envergure, à la fois spirituelle et esthétique. Ce spectacle m’a profondément marqué en tant qu’humain,» a-t-il déclaré.
Le public, nombreux ce soir-là, a été particulièrement touché par la profondeur de la mise en scène et des thèmes abordés. «Le spectacle était vraiment intéressant ! Il est important pour nous de toujours aborder ces thématiques afin de nous permettre de compatir avec les victimes. C’est un acte patriotique ! Un geste d’amour plein d’énergie ! Continuez, car l’art est notre dernier recours,» a exprimé un spectateur. Un autre a ajouté : «C'était un spectacle dans le vrai sens du terme.» Ces commentaires illustrent à quel point la performance a résonné avec les spectateurs, leur offrant une réflexion profonde sur les enjeux de la justice sociale en Haïti.
Crédit : Carlin Trezil |
Yves Marie Gustave, directeur artistique des Ateliers Encriture, et Vital Ronald, metteur en scène, expriment leur gratitude envers les partenaires et saluent le talent des comédiens, comédiennes et chanteuses, dont Bergemithe Macajoux, Roberta André, Bradley Joseph, Guy Emmanuel Germain, Fameuse Maude et Fabiola Agenis, accompagnés des musiciens Jemps Philias, Pierre-Ely Charles et Guerson Fleurismé.
Ce spectacle a permis de poser des questions essentielles sur la justice et la violence en Haïti, tout en offrant un espace d'expression pour la culture haïtienne à travers l'art théâtral. Un événement mémorable, qui, espérons-le, marquera le début de nombreuses autres créations engagées pour la justice et la réconciliation en Haïti.
Auteure: Xaviera R. Élie
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