Plus de deux siècles après notre indépendance, la mise en place d’un Etat fort et durable capable de répondre aux exigences de la population est une impasse. Un constat est clair : Le systèmeétatique est en déroute. La faillite du système est de plus en plus évidente. L’instabilité règne sans fin dans le pays. Les institutions durables sont inexistantes. On assiste à l’émergencedu provisoire en Haïti. Le provisoire s’est érigé en système. On peut parler de l’hégémonie du provisoire selon les mots d’Ely Thélot. Le provisoire se retrouve en situation d’hégémonie en Haïti. Elle finit par exercer une domination absolue et sans limite sur l’ensemble des valeurs, des pratiques et des institutions dans le pays. N’est-elle pas cela qui explique l’impossibilité de mettre en place un Etat se basant sur des institutions et des lois fortes et durables en Haïti. La faillite du système est consubstantielle à celui de l’Etat. Et ceci, au comportement passager régnant dans la société haïtienne.
Le social et le provisoire
L’hégémonie du provisoire dans la société haïtienne constitue une réalité indéniable. Rien n’est permanent en Haïti dans notre sphère sociale. Même le désir de vivre ensemble s’est effrité sur l’égide du provisoire. Les haïtiens se nourrissent d’un attentisme exagéré. Ils vivent dans l’attente d’un Evénement qui viendra tout changer. C’est l’expression d’un attentisme collective. On attend toujours que le meilleur arrive. Pour les chrétiens, la meilleure qui puisse arriver renvoie au retour du Christ sur terre. Combien de plus néfaste à une société qui devrait construire par la participation effective de sa population. Combien de plus profitable pour un Etat qui doit avoir une société civile comme mise en garde. Pour d’autres, ils sont des étrangers même en Haïti. Ils n’attendent qu’à quitter le pays. La migration constitue l’un des plus importants facteurs de mobilitésociale ascendante en Haïti. Du rural vers l’urbain, du rural et de l’urbain vers l’étranger, l’haïtien est constamment dans l’attente d’un départ. Les haïtiens habitent la partance. Construit comme un éventuel étranger sur son sol natal, les haïtiens ne font pas de projets durables pour vivre dans son pays. Les conditions de vie aujourd’hui viennent de renforcer ce sentiment selon lequel Haïti n’est pas un endroit ou ils peuvent réaliser leurs rêves. Combien de jeunes aujourd’hui n’envisagent pas fuir le pays ?
La politique sous la domination du provisoire
Pire, la politique est aussi scellée par le sceau du provisoire. Même le système politique est teinté de provisoire. On attend juste le bon moment pour le changer. Le peuple vit dans l’attente de l’avènement d’un nouvel ordre politique. Les choses dans ce domaine changent continuellement. Les gens de l’opposition risquent en un clin d’œil défendre les causes du pouvoir. Le pouvoir et la cause se confondent ici. Depuis 1987, l’année de la chute du régime sanguinaire Duvaliériste, la nation haïtienneattend avec insistance et impatience l’institution d’un Etat de droit, d’un Etat démocratique respectueux de la dignité humaine. Paradoxalement, ce sont des institutions provisoires qui allaient organiser des élections démocratiques dans le pays : Le conseil électoral provisoire. Quoi de plus banal. On attend toujours la mise en place du conseil électoral permanent, la cour constitutionnelle, etc.… L’alternance politique, les vides constitutionnelles sont inhérentes à notre système politique. Quel système ? Si cela ne peut pas fonctionner en permanence. Un système provisoire. Quel paradoxe. Les présidentsprovisoires sont nombreux en Haïti. Même un président à peine élu pour un quinquennat se considère comme un provisoire. Dès sa prise de fonction, il prend des décisions pour préparer son départ. Voire un président de transition. Une baguette magique pour réguler le système. N’est-ce pas ce tempérament expliquantles comportements avares, corrompus, conservateurs et non progressistes de nos dirigeants. Les faits sont là.
Haïti, la terre du provisoire
Notre pays est en crise. Le pays est malade. Le provisoire est en l’une des causes. Les indicateurs économiques et sociauxprouvent la descente aux enfers de la mère de la liberté depuis le jour de notre indépendance. La dégénérescence de nos institutions est déplorable. Le constat est triste mais indéniable. Le pays le plus pauvre du continent américain. Les problèmessociaux, économiques, environnementaux sont de plus en plus criants dans le pays. L’Etat incapable d’apporter des solutions face à ces problèmes en est complice. Les dénominationsexpliquant le provisoire et la faillite de l’Etat sont sur toutes les lèvres : Etat complice, Etat corrompu, Etat oligarchique, Etat importé, Etat extraverti, Etat défaillant. Le provisoire y règne et la permanence, le durable en paie le prix. Aujourd’hui, l’insécurité, le banditisme, le kidnapping, l’inflation, le chômage, les inégalités sociales et économiques, la pauvreté, l’insalubrité sont autant de maux jalonnant le quotidien du peuple haïtien. Même les solutions qu’on ose proposer aux divers problèmes des haïtiens sont empruntées du sceau de l’éphémère, du provisoire. Il y a une absence des projetsdurables dans le pays. Une lutte contre tout développement durable est menée en Haïti. Même l’Etat est construit sur du plomb provisoire. Haïti est sans aucun doute la république de l’éphémère. Les projets avec une durée plus ou moins considérable pouvant améliorés le sort du peuple haïtien ne sont jamais réalisés. Où est passé le fameux plan stratégique pour le développement d’Haïti (PSDH) ? Il y a en permanence une remise en question des décisions prises dans le pays. C’est la régulation du fonctionnement du pays par le provisoire. On meurt de l’instabilité en Haïti. On meurt d’un système qui se rythme du provisoire pour se perpétuer. Il est nécessaire pour le peuple haïtien de se libérer du joug de l’hégémonie du provisoire afin d’établir un Etat permanent capable d’impulser le développement social et économique du pays.
Auteur :Pierre Marc BAPTISTE
Etudiant finissant en Sciences Politiques/
Relations Internationales
Jeune Leader engagé
2 Commentaires
Félicitation Pierre Marc BAPTISTE, mais je vois un manque de certitude qui lié avec des références.
RépondreSupprimerBon travail M.BAPTISTE🙌
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