Les châtiments corporels à l’école : une tare pour la santé mentale des enfants


   Rares sont ceux d’entre nous qui peuvent affirmer en toute honnêteté n’avoir jamais reçu une punition à caractère corporel à l’école. Ces punitions, qui dans bien des cas ont pour objectifs de discipliner les enfants, ne sont pas sans répercussions et peuvent être la cause latente de certains comportements rédhibitoires à un plein épanouissement de l’enfant. 

   Le châtiment corporel est défini par le sociologue Murray Strauss comme «l’utilisation de la force physique avec l’intention de faire subir à l’enfant de la douleur, mais sans blessure, dans le but de corriger ou de contrôler le comportement de l’enfant». Il constitue la forme de violence la plus répandue que subissent les enfants. En Haïti, cette forme de violence va parfois plus loin et certains enfants sont parfois blessés et marqués dans l’administration de ces punitions.

   Cela représente non seulement une violation grave des droits de l’enfant définis par La loi de septembre 2001 interdisant les châtiments corporels contre les enfants. Mais peut aussi entrainer des conséquences préjudiciables à la santé mentale d’un enfant. 


Conséquences psychologiques du châtiment corporel sur l’enfant à l’école

   Outre les conséquences physiologiques, les châtiments corporels ont des retombées psychologiques graves sur les enfants. 

Troubles du comportement : Il y a une dégradation cliniquement significative des activités sociales et scolaires. L’enfant peut avoir du mal à s’adapter à son milieu et  son développement  social, émotionnel ou  intellectuel peut être contraint.

Troubles anxieux : L’enfant développe une inquiétude démesurée, un sentiment permanent de crainte prononcée qui perturbe et altère ses activités quotidiennes. Il a du mal à se concentrer et se sent fatigué. Un sentiment intense de danger persiste  et s’accompagne de symptômes physiques. 

Faible estime de soi : La tendance à se dégrader et la diminution de la confiance en soi est l’une des conséquences du châtiment corporel. L’enfant doute de ses capacités et  se critique méchamment  quand il connaît un échec.

Altération du développement cognitif et socio-émotionnel : L’enfant qui subit le châtiment corporel risque de souffrir d’instabilité émotionnelle et d’avoir du mal par la suite à gérer les conflits. Un enfant qui a été violenté peut avoir tendance à ne pas pouvoir contrôler son émotivité face à un visage en colère. Parce qu’il développe en réponse au traumatisme une sensibilité à certains signes affectifs fondamentaux. Il peut décrocher complètement sur le plan scolaire et avoir un rendement moindre. 

Augmentation de l’agressivité : Les enfants qui ont été violentés physiquement se mettent souvent en retrait et surréagissent par rapport aux actes des autres.  La violence domine les actions et peut s’exprimer à l’égard des humains et des animaux.


L’utilisation des châtiments corporels dans le contexte scolaire n’est pas anodine et peut  avoir des  répercussions graves sur la personnalité, les activités et la santé mentale d’un enfant.  La Convention relative aux droits de l’enfant de 1989 demande aux Etats de prendre les mesures appropriées pour protéger les enfants contre toute forme de violence.  Cela doit nécessairement s’étendre à celles qui se produisent dans le contexte scolaire. Des enfants  qui subissent la violence et qui sont dans un état de mal-être ne peuvent que devenir des adultes torturés et irresponsables.



Auteure : Néhémie Lamarre 

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