Coin lecture de Jeunes Influenceurs: Team roman haïtien ou team roman étranger?



 « Le roman est l'histoire du présent, tandis que l'histoire est le roman du passé. »

De Georges Duhamel / Essai sur le roman


Qui n’a jamais entendu parler du roman ? Ce genre littéraire plonge le lecteur dans un monde qui n’a rien à envier à la réalité. Le roman est de loin la preuve la plus tangible de l’abondance de l’imagination humaine. Cependant, autant les amoureux du roman sont nombreux, autant leurs préférences divergent en matière de romans. Cela dit, dans la rubrique « Coin Lecture de JEUNES INFLUENCEURS » d’aujourd’hui, nous allons aborder la question de préférence entre le roman haïtien et le roman étranger.

Commençons par les amoureux du roman haïtien…

Certains disent qu’ils préfèrent le roman haïtien parce qu’il procure un sentiment d’aise. C’est comme rentrer chez soi après un long voyage. C’est comme plonger au cœur de sa littérature, d’après Christopher Verciné. Mais Mike Kensley Landais va plus loin pour dire : « Les romans haïtiens ont le plus souvent cette touche locale dans le contemporain… ».

Il n’y a pas que les deux à avoir donné leur avis sur cette question, voyageons un peu dans la pensée de quelques autres amoureux du roman haïtien…

Dawinia Geffrard affirme : « Je préfère les romans haïtiens parce qu'ils offrent une immersion unique dans une culture riche et souvent méconnue. La langue utilisée, souvent un mélange poétique de français et de créole, est captivante et distincte. Les histoires haïtiennes abordent des thèmes universels comme la lutte pour la liberté, la justice sociale, et la résilience face à l'adversité, tout en offrant une perspective historique et politique précieuse. Les auteurs haïtiens apportent des voix authentiques et émouvantes, rendant leurs récits particulièrement touchants et inspirants. En somme, les romans haïtiens sont profondément enrichissants et offrent une expérience de lecture unique et mémorable. »

Adely Gayard Percinthe déclare : « Je préfère le roman haïtien. Le roman haïtien évoque des thèmes, des lieux et des personnages qui me sont familiers et aussi ancrés dans la réalité haïtienne. Ma réalité. Le roman haïtien reflète ma culture, l'histoire de mon peuple. Je me sens plus proche des romans haïtiens. Je peux m'identifier à la plupart des personnages. Ainsi, j'ai une meilleure compréhension. En revanche, un roman étranger présente souvent des contextes et des références culturelles qui me sont moins familières, je dois faire des efforts (recherches) supplémentaires pour faire ce décryptage. Je ne m'identifie pas à leurs personnages (roman étranger) ou plutôt rarement. Les thèmes décrits sont moins pertinents (ce n'est pas ma réalité, ma culture) que ceux dans les romans haïtiens. Et même historiquement parlant, il n'y a pas la même résonance.  Par exemple, le roman Les Misérables (V. Hugo) n'a aucune valeur historique et culturel pour moi (même si c'est un grand classique) comparé à Amour, Colère et Folie (Marie Chauvet) et Les Arbres Musiciens (Stephen Alexis) ou même les Gouverneurs de la Rosée (Roumain). Donc, pour moi un roman haïtien vaut plus et pèse plus (culturellement parlant) qu'un étranger. Je me sens plus proche de celui haïtien. »

Marc Didier Charlostin affirme : « Je préfère le Roman haïtien, en lisant les romans haïtiens je me sens pas comme un robot, je voyage plus rapidement, je me sentais toujours dans la réalité, mes imaginations sont quasi exactes. Par exemple : quand Garry Victor me parlait du bicentenaire dans "Maudite éducation” je comprends rapidement etc... »

Samuel Orphée déclare : « Je préfère le roman Haïtien, le narratif critique ou interrogatif est mien. Mais par contre, j'ai connu le roman étranger avant. Parce que les Romans étrangers sont beaucoup plus accessibles et sont partout dans les rues. Découvrir les Romans Haïtiens a été un choc pour moi, une découverte sur moi-même et sur l'espace qui m'habite. GOUVERNEURS de la rosée est l'un des romans haïtiens que j'aime le plus. »

Jackson Isma raconte : « Avant, je n’étais pas un passionné du livre mais  quand j'ai commencé à rencontrer des personnes qui lisent et j'ai pu remarquer les effets de la lecture j'ai choisi d'emboîter le pas.



À vrai dire, j'ai commencé à lire des romans étrangers et je me sentais toujours étranger. Parce que la réalité qu'ils décrivent n'était pas ma réalité. Pour moi, c'était comme dans un voyage en esprit. Par contre, je dois aussi le dire, les romans qui abordent les points philosophiques et psychologiques sont différents car ces termes sont universels.

En lisant le roman haïtien, je me sens plus vrai et confortable, c'est comme avoir une conversation avec soi-même. Je vis ma réalité et celle de mes proches dans un livre, on peut associer les personnages à ses amis, aux membres de sa famille, une autorité qu’on connaît. Lire le roman haïtien, c'est lire son passé ou son futur en partie ou encore apprendre à se connaître. Pour les romans paysans comme " Compère général soleil ", " Gouverneur de la rosée " l'effet est encore plus profond en tant haïtien.

Être haïtien et attaché à sa culture, me fait voir ma littérature avec un autre œil. Le roman haïtien est l'haïtien en écriture donc le roman, c'est mon histoire, ma vie, mes qualités, mes défauts écrits par quelqu'un d'autre. Je me demande comment ne pas le préférer. »

Il est donc évident que le roman haïtien représente l’âme haïtienne couchée sur du papier, exposée au monde. C’est l’archive de notre soi, en tant qu’Haïtien.

Voyons maintenant ce que disent les amoureux du roman étranger…

Woodmillard Métellus affirme : « J'ai toujours aimé ce genre littéraire, ça a un petit côté personnel, c'est-à-dire les attentes, la façon dont l'auteur perçoit les choses et la beauté qui se dégage pour les exprimer. Entre le roman haïtien et l'étranger, qu'est-ce que je préfère? 

Bon à ce propos, il n'y a pas vraiment d'élément de discussion. 

Disons que dans mon environnement, j'ai toujours été en contact avec les ouvrages étrangers. Ce n'est que très récemment que ma curiosité et mon envie d'exploration m'ont poussée à chercher à connaître ce style du côté haïtien.

Mais du peu d'expérience que j'ai eu avec les deux, je peux dire sûrement par souci de confort ou d'habitude que je préfère le roman étranger. Je ne sais pas peut-être que j'ai toujours lu cela. »

Rony Petit déclare : « Personnellement, j'ai une préférence pour le roman étranger. En effet, je trouve que les aventures y sont racontées avec beaucoup plus d'aisance et qu'il y a une sorte de fluidité dans la narration des auteurs étrangers, du moins ceux et celles que j'ai déjà lus. En revanche, j'éprouve beaucoup de peine à terminer un roman haïtien. J'ai souvent la sensation que les auteurs ajoutent trop de détails, ce qui alourdit la lecture. C'est notamment le cas des œuvres de Jacques Stephen Alexis, un grand écrivain, certes, mais dont la lecture me donne du fil à retordre en raison de la densité de son écriture.

Toutefois, il y a des exceptions. Les rares romans haïtiens que j'ai lus avec beaucoup d'enthousiasme sont ceux de Kettly Mars et Jean d'Amérique. Pour moi, leurs œuvres se distinguent par une narration plus légère et accessible, ce qui les rend moins étouffantes et plus agréables à lire.

En somme, je trouve que le roman étranger est beaucoup plus facile à lire, avec des enchaînements plus fluides et des intrigues mieux construites. Cette fluidité narrative permet une immersion plus aisée dans l'histoire, ce qui rend la lecture plus plaisante. »

Le roman étranger constitue donc ce pont entre les différentes cultures. Cette bouffée d’air que l’on aspire de temps en temps pour se changer les idées.

Toutefois, il persiste une catégorie qui préfère naviguer entre les deux. Jetons un coup d’œil sur leurs opinions…

Neika Sendy Similien avance : « Les romans haïtiens constituent le canal de transmission rescapé de notre culture, nos mœurs et ils me permettent de rester connecter à la réalité de mon pays et les romans étrangers, eux me permettent de ne pas rester centrer uniquement sur ma culture ils me permettent alors de véhiculer vers d'autres.



Je n'ai pas de préférence entre les deux mon but premier de la lecture étant de me provisionner davantage de connaissances, d'être informée  sur le max de choses que possible, avoir une idée sur divers sujets, lieux et autres alors en lisant des romans haïtiens et étrangers je fais un pas. Par exemple, en lisant les romans de Gary Victor, Lyonel Trouillot on ne saura pas sans connaisses des us et coutumes de notre pays, de même je me rappelle avoir lu un roman de Daniel Steel qui parlait du traitement des Japonais aux USA lors de la 2ème guerre j'ai presque visité tout le Japon sans y avoir été. »

Kervens Muscadin déclare : « Pour répondre de façon simple à cette question, j'ai pas une préférence en matière de roman étranger ou haïtien, mais je peux établir quelques avantages que procure chacun de ces romans.

Pour les romans Haïtiens 

1- C'est beaucoup plus proches de la réalité haïtienne 

2- les personnages, les histoires nous permettent de découvrir des mythes et des histoires racontées dans notre société.

Pour les romans étrangers 

1- ils nous offrent une diversité culturelle en voyageant dans les différentes cultures à travers des lignes.

2- il y a des classiques qui nous aident pour notre culture générale.

En gros j'aime les différentes sensations des deux catégories de romans et j'ai du mal à choisir l’une sur l'autre. »

Holdykens Laîné avance : « La préférence entre le roman haïtien et le roman étranger dépend de nombreux facteurs personnels et contextuels. Voici quelques éléments qui pourraient influencer cette préférence :

Roman haïtien : Il offre une plongée dans la culture, l'histoire et les réalités sociales d'Haïti. Les œuvres de Jacques Roumain, Marie Vieux-Chauvet ou Dany Laferrière, par exemple, sont imprégnées de l'âme et des défis haïtiens.

Roman étranger : Cela permet de découvrir d'autres cultures, perspectives et styles littéraires. Les auteurs étrangers comme Gabriel García Márquez, Haruki Murakami ou Chimamanda Ngozi Adichie offrent des fenêtres sur des mondes très différents.

Style et langue :

Roman haïtien : Les écrivains haïtiens ont souvent un style unique qui reflète leur vécu et leur environnement. La langue créole, souvent présente, enrichit également l'expérience de lecture.

Roman étranger: Lire en traduction ou dans la langue originale peut offrir une diversité stylistique et linguistique importante.

En fin de compte, la préférence entre le roman haïtien et le roman étranger est très personnelle et peut évoluer avec le temps. Certains peuvent préférer les romans haïtiens pour leur authenticité et leur proximité culturelle, tandis que d'autres peuvent être attirés par l'universalité et la diversité des romans étrangers. Personnellement, j'apprécie la richesse des deux types de littérature pour les perspectives uniques qu'elles offrent. »

Donc, cette question de préférence entre le roman haïtien et le roman étranger dépend de plusieurs facteurs internes et externes. Cependant, globalement on pourrait avancer que ce n’est pas tout à fait une question de qualité mais de quantité disponible et accessible. À l’instar de Litainé Laguerre, le prix élevé des romans haïtiens en raison de la situation de précarité du milieu haïtien pèse beaucoup dans cette question. Même en Ebook, la quantité de romans étrangers dépasse largement l’offre haïtienne. On peut donc en déduire que cette question de préférence entre le roman haïtien et le roman étranger suscite de vives discussions.

Place à vous maintenant, chers lecteurs… Lequel des deux préférez-vous ?


Auteure : Beth-Sarah NICOLAS


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