Pwezi Libète :une tentative d’archiver le présent



Crises, violences, coups d’État et dictature sont des thématiques récurrentes dans la presse internationale concernant Haïti. Une lecture, malheureusement, qui n’est pas totalement fausse. En revisitant l’histoire de ce grand peuple jusqu’à nos jours, nous constatons un tableau critique et décevant sur le plan socio-politique et économique.


Cependant, il existe toujours une expression de la sensibilité collective. Ce que l’on peut appeler la littérature ne peut probablement pas sauver, comme dirait Jean-Pierre Siméon pour la poésie à propos du monde. Néanmoins, elle demeure un puissant moyen de résistance, tant contre la mort quotidienne qui l’assaillit que contre l’analphabétisme politique, l’effritement des rêves et l’agonie d’un peuple entier.


D’une part, la présence constante des poètes, peintres, romanciers et autres artistes sert à dénoncer cette misère. La raconter n’est-elle pas une manière de la conjurer, d’amortir ses douleurs ?


D’autre part, certaines instances, malgré elles, assurent la vitalité de cette belle expression en la rendant accessible et possible à travers sa diffusion et son encouragement.


Pwezi Libète fait partie de cette dernière catégorie : une structure érigée pour promouvoir les valeurs littéraires haïtiennes à travers des rencontres autour de la poésie. Elle s’inscrit dans une démarche d’archiver le présent et de rehausser la langue créole haïtienne.


Fondée le 22 avril 2023 par des professionnels, poètes, artistes et intellectuels haïtiens, parmi lesquels Menard Donley, Marc Arthur Zulmé (Tinèg), Juvencia Pommier, Ernest Vikqtoria Francesca, Stacy Victoria Pommier, Wilson Lainé, Lorvens Suprême, Malherbe Joseph, Ernst Manolo Vernet, Aland Cadet, Wilkens Scott Fifi, et Franklin Love-Lee, cette initiative vise à célébrer la richesse de la littérature haïtienne.


Pour fêter leur première année d’activité, les responsables ont organisé un concours de poésie en créole autour du thème : Ayiti lank kè m detèn sou kò w. Ce concours, qui s’est déroulé du 18 mai au 17 août 2024, avait pour objectifs de promouvoir la littérature et l’oraliture, tout en suscitant l’intérêt pour l’écriture chez les jeunes talents.


Plus d’une dizaine de poètes émergents ont participé à cette première édition, évalués par un jury compétent composé de cinq membres, dont Fedeline Bigot, prix Amaranthe 2021, Donley Ménard, Witensky Lauvince, lauréat du prix Jean Mettelus en 2023, Top Tchookko, et Wilkens Scott Fifi.


Trois finalistes ont été couronnés : Styven Mangurart, Lorwens Désir et Anderson Iliodain, respectivement premier, deuxième et troisième, sans oublier Witerman Kenley Jean, qui a reçu une mention du jury.


Joseph Malherbe, l’un des organisateurs, a affirmé lors d’une entrevue que les textes de tous les finalistes seront publiés dans une anthologie, et d’autres prix appropriés reflétant l’image et l’idéologie du concours ont été remis aux lauréats.


En fin de compte, il ne serait pas inexact de soutenir que prendre de telles initiatives dans la société haïtienne actuelle doit être vu comme un acte de courage, de résistance et de résilience. Car tout ceci démontre qu’en dépit de la dégradation de l’univers social haïtien, il existe encore un espace où certains croient fermement qu’ils peuvent rêver, penser et réinventer la vie, un autre lieu, celui de l’imaginaire, qui leur appartient et dont personne ne peut les priver.



Rédacteur : Emmanuel Pacorme, étudiant en communication sociale

Avec Salon du livre de Port-au-Prince 

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3 Commentaires

  1. Good job Pwezi Libète.

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  2. Tellement fier de ce que nous sommes entrain d'accomplir ensemble dans Pwezi Libète, que je trouve fierté un peu trop péjoratif pour le décrire.

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  3. Pwezi Libète ;et la littérature comme cible.

    Bon bagay

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