La mondialisation a le mérite de réduire la planète en un petit village. Tout cela a été possible avec l'avènement de l'ère technologique. Toutefois, cette même mondialisation est aussi considérée comme un catalyseur de l'augmentation de la migration. En effet, selon l'ONU et la banque mondiale, en 2020 près de 36 % (281 millions) de la population mondiale seraient des migrants internationaux. Et selon le HCR (Haut Commissariat des nations unies pour les Réfugiés) près de 10 à 15 % ( 1,5 à 2 millions) de la population haïtienne vivent à l'extérieur du pays, dont 80% en terre voisine (République Dominicaine).
C'est quoi un migrant? Comment le droit international traite les migrants ? Comment les migrants sont-ils traités dans les pays receveurs ? Quels instances sont là pour les aider ? Nous proposons 5 points essentiels pour essayer de répondre à ces questions.
1) Difference entre migrant et réfugié
D'entrée de jeu, il est nécessaire d'élucider la confusion existante entre les thèmes " migrant et réfugié". Si le thème migrant est généralement utilisé pour toutes les formes de mobilité ce n'est pas le cas pour le réfugié.
La convention de Genève relative à la protection des réfugiés dans son article premier définit la notion "réfugié" comme une personne qui a fui son pays d'origine en raison de persécution (raciale, religieuse, ses opinions politiques etc), de violences armées ou de violations graves des droits de l'homme.
Alors que, un migrant est une personne qui se déplace d'un endroit à un autre ( à l'intérieur même de son pays ou vers un autre) dans le but d'améliorer sa qualité de vie, de chercher un emploi ou de rejoindre sa famille.
2) Politique d'asile et des réfugiés
Le droit de l'immigration est une branche du droit qui connaît une évolution constante à cause des flux migratoires mondiaux. Et l'une des principales préoccupations de cette branche du droit est la gestion des demandeurs d'asile. En effet, les persécutions, les catastrophes humanitaires, les guerres, la pauvreté poussent les gens à migrer partout dans le monde mais surtout vers l'Europe, l'Amérique du Nord et dans des pays voisins des zones de conflits.
Si la convention de Genève prévoit la protection des droits des réfugiés y compris le droit d'asile; ces droits restent inégaux en raison de plusieurs défis majeurs, notamment :
- L'accès à la procédure d'asile est souvent compliqué et long sans compter les barrières installées par des politiques nationales restrictives.
- Les différences de traitement entre les demandeurs d'asile en raison de leurs pays d'origine.
3) Politique migratoire
Face aux nouveaux défis de l'ampleur de la migration certains pays ont adopté une politique migratoire restrictive. En effet, des mesures sont prises pour limiter, d'une part, l'immigration illégale comme par exemple la construction du mur sur la frontière entre le Mexique et les États-Unis sur le premier mandat de Trump et le renforcement de l'armée dominicaine sur la frontière entre Haïti et la République Dominicaine ; et d'autre part, des lois limitant l'immigration légale. C'est le cas du Canada qui sélectionne ses migrants ( travailleurs qualifiés, étudiants).
Toutefois, si ces mesures peuvent sembler juste en vue de la protection de la souveraineté de la nation en question, elles ont des impacts non négligeables sur les migrants.
Impact sur les droits humains :
Les politiques de contrôle de frontière aboutissent très souvent à des violations de droits des migrants comme des détentions préventives prolongées, des expulsions forcées, des traitements dégradants.
Stigmatisation et criminalisation des migrants :
Certains pays associent l'immigration illégale à la criminalité. Ainsi, certains groupes de migrants sont victimes de discrimination systématique.
4) L'immigration et la sécurité nationale
Très souvent, la peur du terrorisme et de la criminalité influencent la manière dont les pays perçoivent et gèrent leur politique migratoire. Ainsi, la question de la sécurité nationale devient un atout majeur pour les gouvernants. D'où, la nécessité de restriction supplémentaires.
La lutte contre le terrorisme
Depuis quelques décennies ce fléau mondial est devenu un véritable défi. Le contrôle des frontières est du coup un moyen plus ou moins efficace pour le contrôler. Toutefois, cela conduit à des restrictions disproportionnées sur les droits des migrants.
Le droit d'asile
En dépit de la complexité et la longue durée du processus, certains pays tentent d'imposer des mesures plus strictes, comme des vérifications de sécurité plus approfondies.
5) Haïti et la crise migratoire
Depuis plusieurs décennies, les haïtiens quittent leur pays à la recherche d'une vie meilleure. Ils partent partout dans le monde, en masse. D'abord vers le Cuba, ensuite vers la République Dominicaine, puis aux États-Unis, le Canada et plus récemment vers le Chili et le Brésil.
La très grande majorité des haïtiens migrent vers la République Dominicaine depuis près d'un siècle principalement à la recherche d'un emploi. Là bas, pratiquement aucun de leurs droits n'est respecté voire leurs droits fondamentaux. Ils travaillent et vivent dans des conditions vulnérables. Ils sont victimes de racisme et de refoulement de masse. On y est allé jusqu'au génocide : le massacre du persil. Entre 20 à 40 000 haïtiens tués sous les ordres du président dominicain Raphaël Trujillo en 1937, selon un documentaire de Haïti inter. Cela n'est-il pas une gifle à la convention de Genève, à la charte de l'ONU ? Pourtant, personne n'a pipé mot, pas même l'État haïtien.
Partout où les haïtiens se rendent, ils sont des migrants dans le sens générique du thème. Mais en réalité ils sont soit des migrants soit des réfugiés. Soit des migrants légaux, soit des migrants illégaux. Mais toujours avec des droits. Combien sont ils ? Que fait l'Etat haïtien pour les venir en aide? Quels instances interviennent dans la lutte pour le respect de leurs droits ? On pourrait penser qu'il n'en existe pas, et pourtant ils sont nombreux.
Instances et organisations impliqués dans les questions migratoires
1) Le Ministère des Affaires Etrangères et des Cultes (MAEC)
2) L' Office Nationale de la Migration (ONM)
3) La Direction Générale de l'Immigration (DGI)
4) L'Organisation International pour les Migrations (OIM)
5) Haut Commissariat des nations unies pour les Réfugiés (HCR)
6) Le Bureau Haïtien des Avocats Internationaux (BHAI)
7) Les ONG locales et internationales, notamment : Médecin Sans frontières (MSF), Caritas Haiti, Groupe d'Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés (GARR)
8) Les ambassades et consulats haïtiens à l'étranger.
La nature est faite de telle sorte que toute invention apporte avec elle son lot de problèmes et de solutions, d'alliers et d'opposants, de malheur et de bonheur. D'ailleurs, solution ou problème, cela dépend de quel côté on est. Ainsi, c'est un fait que la mondialisation et l'ère de la technologie a contribué fortement a augmenté le flux migratoire à travers le monde. Les gens se déplacent à la recherche d'une meilleure qualité de vie dans les pays riches ou en paix. Selon cette idée, c'est parfois une aubaine pour l'Haitien de fouler le territoire américain ou pour l'Africain d'arriver en Europe, par n'importe quel moyen. Mais, une fois arrivé leur statut change. Leurs droits les plus inaliénables très souvent se trouvent bafoués en réponse à la politique migratoire du pays receveur qui de son côté cherche à assurer sa sécurité nationale et garantir une qualité de vie optimale à ses propres citoyens parfois au détriment des migrants.
Au final, chacun cherche sa part des choses : le migrant, une satisfaction personnelle et l'Etat receveur, la sécurité et le progrès national. Et là, une question se pose : le migrant ne contribue-t -il pas au progrès du pays receveur ?
Auteur : Frantz-Gelo Bellande
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